Le premier baiser

L’été de mes quatorze ans, j’ai passé plus de temps chez les Dubé que chez moi et pour cause. Le beau Daniel me faisait les yeux doux. Il avait une superbe crinière bouclée et une bouche invitante. Cette année-là, il y eut plusieurs partys de sous-sol où nous furent invités. L’alcool était absent. Nous étions là pour vivre nos premiers émois, notre première danse collée. Ma plus grande crainte était d’avoir l’air niaiseuse et de ne pas savoir comment embrasser.

Ah ! Ces premiers rapprochements comme ils sont électrisants. Nos cœurs battent la chamade. Que dire de notre maladresse, quand vient le temps de positionner nos corps. Plus la chanson avance, plus les mains se font audacieuses. Quelle merveilleuse sensation ! Let it be accompagne notre danse. Comme le dit si bien le titre : qu’il en soit ainsi. Je sens son sexe gonflé contre mon pubis. Les effluves de son shampoing Herbal Essence me transportent. Doucement, nos visages voyagent vers l’autre, nos bouches se cherchent. Un premier effleurement. Des lèvres qui s’entrouvrent. Elles cèdent le passage à une langue qui veut danser avec l’autre. Je me dis : Enfin ! Je suis devenue femme. C’est un peu exagéré je l’avoue, mais combien important pour une jeune fille de quatorze ans. Let it be est déjà fini qu’il faut aller se rasseoir. La fête du baiser continue, je suis aux anges. Ce soir-là, je peine à m’endormir imprégnée de mon nouveau bonheur. J’ai un chum !

Nous nous voyons dès que je peux m’éclipser de la maison. Ma mère ne fait pas trop attention, trop heureuse d’être seule. J’aide mon amie Murielle pour les tâches ménagères, les repas. Pendant que les enfants mangent, Daniel et moi, nous réfugions dans la chambre des petites. Les lits sont superposés. Nous nous y allongeons. Cette fois, les baisers sont prolongés, ponctués de quelques arrêts, le temps de reprendre nos souffles. Ses mains se font plus baladeuses, mon corps aime cette chaleur qui m’irradie. 

Un jour, il ose soulever mon chandail pour partir à la recherche de mes seins. Moment de panique ! Mon soutien-gorge est rempli de papier mouchoir. Gentiment je détourne ses mains. Fini l’exploration corporelle et sexuelle. Malgré cela, nos baisers n’ont rien perdu de leur flamme, mais le retour à l’école a ralenti nos ardeurs. Notre histoire s’est ainsi terminée sans heurts et empreinte de merveilleux souvenirs.


Commentaires